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Science en accès libre : les pirates du savoir
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Science en accès libre : les pirates du savoir LE MONDE | 31.03.2016 à 06h47 • Mis à jour le 31.03.2016 à 08h26 | Par Yves Eudes (/journaliste/yves-eudes/)
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Science en accès libre : les pirates du savoir
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STEPHANE KIEHL
Officiellement, Alexandra Elbakyan, 27ans, réside à Almaty, sa ville natale dans le Kazakhstan. En réalité, elle vit sans doute quelque part en Russie. Sa vie et ses déplacements sont désormais secrets : en octobre 2015, un tribunal fédéral de New York l’a déclarée coupable de piratage d’articles scientifiques appartenant à l’éditeur anglo-néerlandais Elsevier. Informaticienne spécialisée dans les projets futuristes de liaison directe cerveau-ordinateur, Alexandra Elbakyan est aussi, depuis 2011, la créatrice et l’animatrice du site Sci-Hub, qui propose le téléchargement libre et gratuit de tous les articles scientifiques disponibles sur Internet. Or, ils proviennent en grande partie des sites des grands éditeurs scientifiques internationaux comme Elsevier, l’allemand Springer ou l’américain Wiley, qui en détiennent les droits de distribution exclusifs et qui les vendent très cher – un particulier paie en moyenne 32 dollars (28,50 euros) par article, et les grandes bibliothèques doivent souscrire une multitude d’abonnements, coûtant des millions de dollars par an. La jeune Kazakhe reconnaît que depuis sa condamnation, sa situation n’est pas idéale. « Là où je suis, je ne me sens pas menacée, mais je dois faire attention », confie-t-elle au Monde. Elle ne voyage plus aux Etats-Unis, ni dans aucun pays ayant un traité d’extradition avec Washington. Un changement majeur pour cette étudiante brillante, fréquemment invitée en Europe et en Amérique pour des stages et des conférences.
Le partage, une pratique courante Au cours de l’été 2015, elle a téléphoné et écrit au juge new-yorkais pour revendiquer son action : « Quand j’étais étudiante au Kazakhstan, je n’avais accès à aucun des articles dont j’avais besoin pour mes recherches. 32 dollars, c’est complètement fou quand on doit lire des dizaines ou des centaines d’articles pour sa recherche. » Elle explique que, grâce à Internet, le partage gratuit d’articles est une pratique courante dans les communautés scientifiques du monde entier. Elle a largement usé de ce système artisanal pendant ses études, puis elle en a fait profiter les autres : «Les gens ont toujours été reconnaissants. Sci-Hub ne fait qu’automatiser ce processus, et est immédiatement devenu populaire.» Et pour cause… Les grands éditeurs ne versent pas un centime aux auteurs ni à leurs pairs qui se chargent de la lecture et de la correction. Si un auteur souhaite que son article soit distribué gratuitement pour avoir plus de lecteurs, c’est lui qui doit payer l’éditeur, souvent plus de 2 000 dollars – un arrangement qu’Alexandra Elbakyan qualifie de « racket ». Le juge new-yorkais ne se laisse pas convaincre. Il fait saisir et désactiver l’adresse Sci-hub.org (le domaine « .org » est géré par Public Interest Registry, une association américaine). Il ordonne à la jeune femme de cesser toute activité sur le site. Il condamne aussi LibGen (Library Genesis), un site
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Science en accès libre : les pirates du savoir
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russe de livres piratés qui collabore avec Sci-Hub et dont