Entretiens Confidentiels De Georges Albertini

Preparing link to download Please wait... Download


E-Book Content

ENTRETIENS CONFIDENTIELS DE GEORGES ALBERTINI Consultez notre site internet © Editions Amalthée, 2012 Pour tout contact : Editions Amalthée - 2 rue Crucy - 44005 Nantes Cedex 1 www.editions-amalthee.com ____,, À la mémoire de mon fils Frédéric qui m'a aidé à sélectionner et présenter ces transcriptions. INTRODUCTION J'ai rencontré Georges Albertini en août 1944 à Paris, peu après que les troupes alliées y furent entrées. Celui qui avait été l'un des espoirs du Parti socialiste et de la CGT avant les guerres de 1939-1945, puis l'organisateur, au temps de l'Occupation, du très collaborationniste Rassemblement national-populaire (RNP) de Marcel Déat, était passé à la clandestinité avec la plupart des cadres nationaux de ce parti. Tous ou presque, lui le premier, risquaient la peine de mort s'ils étaient arrêtés. Pour se concerter, ils se réunissaient dans l'appartement de ma mère, situé juste au-dessus de l'herboristerie qu'elle tenait près de la place de l'Étoile. Je les accueillais l'un après l'autre au magasin et, par derrière, les conduisais à l'appartement. Puis je descendais faire le guet dans la rue, prêt à monter les prévenir en cas de présence suspecte et à les aider à fuir par les caves. J'avais seize ans. Albertini fut arrêté fin septembre, incarcéré à la prison de Fresnes et condamné en décembre à cinq ans de travaux forcés seulement, alors que la peine de mort avait été demandée par le commissaire du gouver­ nement. De ce fait, la plupart de ses camarades arrêtés eux aussi peu après n'écopèrent que de quelques années de prison. En septembre 1949, achevant mes obligations militaires, j'ai retrouvé Georges Albertini, libéré l'année précédente par le président de la République, le socialiste Vincent Auriol, pour reprendre du service dans l'ombre du Parti socialiste. Plus précisément, compte tenu de son influence restée grande à la CGT, pour aider au développement de syndicats Force Ouvrière dans les différentes branches professionnelles. Avec presque toute son équipe également libérée, il s'activait dans trois bureaux d'un immeuble de la rue Guersant, dans le 17° arrondissement de Paris - parallè­ lement à une fonction de conseiller à la direction de la banque d'Hippolyte Worms que celui-ci, son co-détenu à la prison de Fresnes, lui avait offerte. 7 Sur sa demande, j'ai gagné Barcelone et enseigné le français dans une école de langues étrangères où il m'avait introduit, tout en remplissant pour son compte diverses missions. Puis sa position à la banque Worms me permit d'être accueilli plus longuement dans des établissements bancaires de Suède et de Finlande. Par l'intermédiaire d'une de ses relations de l'Occupation, l'ex-attaché à l'ambassade d'Allemagne Franz Grosse, j'ai ensuite séjourné un long hiver au siège d'une aciérie de la Ruhr, avant de repartir pour les pays nordiques. Durant ces séjours et selon ses indications, j'effectuais des recherches, nouais des contacts, recrutais des correspondants et trouvais matière à des articles pour la publication qu'il avait lancée, le BE/PI (Bulletin d'Études et d'informations politiques internationales), premier nom de la revue Est & Ouest. Revenu à Paris en automne 1953, je suis resté près de lui au Centre d'archives et de documentation qu'il avait ouvert boulevard Haussmann. En mars 1954, il me fit entrer au cabinet du président nouvellement élu du Conseil économique, Emile Roche, qui voulait signer des articles dans diverses publications et dont je tins la plume pendant plus de vingt ans. L'année suivante, il me recommanda à l'ex-président du Conseil Henri Queuille et à l'ancien ministre André Morice pour devenir l'attaché de presse du parti qu'ils créaient par une scission du Parti radical-socialiste. En 1958, il m'engagea à assurer le secrétariat de l'Association parlementaire Europe-Afrique fondée par le député de Normandie R