Marc Richir, « Sur le sentiment du sublime », Affect et affectivité dans la philosophie moderne et la phénoménologie – L’Harmattan – coll. Ouverture philosophique – Paris – 2008 – pp. 131-141.
Remarque : cette version du texte ne reprend pas la pagination de l'édition originale, citée ci-dessus.
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www.laphenomenologierichirienne.org Site consacré à la pensée de Marc Richir Marc Richir (1943-) est l’un des principaux représentants actuels de la phénoménologie. Son œuvre, aussi monumentale que complexe, a longtemps été ignorée. Elle commence cependant à être étudiée et discutée, entre autres en France, Belgique, Espagne, Allemagne, ou encore en Roumanie. Nous sommes pour notre part convaincus de l’importance de travailler la pensée de Marc Richir. Aussi, l’objectif de ce site est double : d’une part, mettre progressivement à la disposition du public différents textes de Marc Richir (en particulier ceux qui sont le plus difficilement accessibles aujourd’hui) et sur Marc Richir. D’autre part, récolter et diffuser toutes informations concernant l’actualité de la phénoménologie richirienne : qu’il s’agisse d’interventions publiques de Richir, de nouvelles publications, de séminaires ou colloques, etc. Bien sûr, dans la réalisation de ce projet, toute aide est utile ! Si donc vous avez des informations susceptibles d’intéresser les lecteurs de Richir, ou bien si vous disposez d’une version informatique (un document word ou un scan) d’un texte de Richir, n’hésitez pas à nous le faire savoir (nous nous occupons nous-mêmes de demander les autorisations pour la publication). Pour nous contacter :
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SUR LE SENTIMENT DU SUBLIME Marc RICHIR (FNRS – Universtité Libre de Bruxelles) Parmi les éléments révolutionnaires de la pensée critique de Kant, l’un des plus bouleversants par rapport à la philosophie classique est, à l’évidence, l’abandon – ou le rejet – de toute intuition intellectuelle ; cet abandon est cependant articulé sur le maintien de la possibilité d’une connaissance objective, à l’écart de tout scepticisme, qui pourrait être radical, et de tout empirisme où la connaissance objective pourrait être intellectuellement reconstruite. Si la connaissance objective ne passe plus, comme dans le platonisme, depuis Platon jusqu’à Descartes et ses successeurs, par la connaissance des idées, c’est qu’il existe, selon Kant, des articulations discursives a priori ou des formes pures a priori de la discursivité portant en elles, d’avance (de façon transcendantale), leurs références objectives possibles. Ces articulations, comme le montre l’Analytique transcendantale dans la Critique de la Raison pure, sont réglées par les catégories, concepts purs de l’entendement, et plus particulièrement, puisque les objets de la connaissance ne sont accessibles que par les intuitions sensibles de leurs apparitions (Erscheinungen), par les schèmes des catégories qui, de la sorte, sont déterminants. Si l’on se rapporte à l’enseignement platonicien, c’est-à-dire à cela que la doxa consiste en un « arrêt » du dialogue (dialegesthai) de l’âme avec elle-même, lequel relève, quant à l’intelligible, de la dianoia, c’est comme si, dans l’arrêt de la discursivité du Gemüt sur un objet de connaissance, la doxa se transmuait en connaissance objective pour peu qu’elle soit transie par l’une ou l’autre de ces formes a priori de la discursivité, et comme si, par là, très paradoxalement pour un platonicien, la dianoia scientifique corrélative était une dianoia sans noûs et sans noeton. L’objet de la connaissance, en tant qu’objet de l’expérience possible avant le passage par des intuitions sensibles détermi