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CORPS, ESPACE ET ARCHITECTURE
CORPS, ESPACE ET ARCHITECTURE par Marc Richir
1. Les fausses évidences
, .Sans en venir, ici, sur toutes les difficultés qu'il y ad tenser notre rapport à notre co s (Lei . e caracrp. b, corps VIvant ou de chair par opposition à K:' corps phYSIque ou "cadavre") en termes d 'avo'Ir (un corps) orper, et d'~tr ( l'ai ébauch' .. ~ e e un corps) - cette caractérisation je ee ICI meme, l'an dernier - 'e . " moins d'en tp;ter b ., . ' J me permettraI, neannevement afm de déga . , ,
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ia~:~~b!~t~~~ ~;e troblématiq~e Phénomé~~~o~~:U~~ed~ :~fc:~
l e espace, de la, entre Leib et architecture N ous avons un corps rt " . Le ' .. ,ce es, mrus c est un corps vivant un lb, et non pas un Korper, qui serait là comme une chose '. que nous ~ourrions tout aussi bien quitter quand il nous Pl~l1:!~ corps, Lelb, ne nous quitte précisément J'amais '1 . pacrne pl '. ,1 nous accom~ , dUS ou mo~ns bIen, pour le meilleur et pour le pire tout au on~ e .notre Vie, et sans lui, nous ne serions pas au m~nde nou~ n auno~~, non seulement aucune "perce tion" du ' monde (optIque, audItIve, tactile, olfactive gUstative)P, cune " , " l ' , mrus encore audu monde . C'est d'1re u ,en pensee et aucun~'pratique" , u~ sens, certes tres su Il et très difficile à d' q VIvant nous le so . egager, ce corps '" . :nme~,' ne serrut-ce que dans l'inchoativité conf u~e des cogltatlOnes du Descartes de la le et ne M 'd't . metaphysiq l' e l atlOn . ue, avant analyse du morceau de cire M ' . ne pouvo . . l' . . aIS, SI nous ns jamaIS aVOIr purement au sens d'une h' vant être mis " mac me poue en actIOn a volonté par notre esprit-pilote, nous ne o
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le sommes jamais purement au sens où, précisément, une part au moins de notre corps est toujours située au monde comme une chose parmi les choses. Le fait, pour parler comme MerleauPonty, que notre corps soit voyant et visible, sentant et sensible, voyant qui se voit lui-même visible parmi les visibles, sen tant qui se sent lui-même parmi les sensibles, fait bourré de sens, qui relève donc bien plus de la facticité (Heidegger) que de la facualité de l'état-de-faits, montre le caractère limité et provisoire de la dialectique de l'être et de l'avoir, inapte, par elle-même, à saisir l'énigme de l'incarnation. Quant à l'articulation que nous recherchons entre Leib et espace, c'est cependant dans cette facticité que tout se joue. Que le voyant soit visible, que le sentant soit sensible, cela signifie en effet que le Leib (voyant, sentant) "apporte" à cela qu'il mesure de ses organes de sens sa propre mesure, qui est aussi pour une part mesurée par ce qu'il mesure. Le Leib est bien, comme le dit Merleau-Ponty dans le Visible et l'invisible, "mesurant universel" du monde, mais c'est un mesurant mesuré par le monde, en chiasme avec le monde: il n'y a pas de "figure" (Bild, Gestalt) du monde qui soit incorporelle, et cela veut dire aussi que le Leib en fait partie intégrante, on, en d'autres termes, qu'il en est une "partie totale". La difficulté est néanmoins que s'il est partie du monde, il semble devoir être mesuré par le monde auquel il a donné accès, et que s'il est partie totale du monde, cet être-mesuré est littéralement insituable - à moins précisément que le corps ne soit réduit à une chose, à un Korper d'extension définie, mais ce Korper ne serait justement plus ni voyant ni sentant, ce serait une chose parmi les choses, un objet que nous aurions quitté. Une manière de situer idéalement l'être-mesuré, phénoménologiquement insituable, est la géométrie. Mais avant d'y venir, précisons que cette insituabilité en termes définis ne signifie pas l'absence totale de situation du Leib: On a coutume de dire, et c'est incontestablement juste, que le corps est mesurant en tant . précisément que, axé par la station verticale, sur une terre' qui,
Marc