Intentionnalité Et Temporalisation


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INTENTIONNALITÉ ET TEMPORALISATION INTENTIONNALITÉ TEMPORALISATION En guise d'hommage à Jean-Toussaint Desanti, je voudrais, ici, sur un problème très précis, celui de l'essence de l'intentionnalité et de son rapport à la temporalisation, m'efforcer de penser avec lui, et risquer des questions, auxquelles, hélas, il n'est plus là pour répondre. Comme on le sait, il traite de ce problème dans la seconde partie de ses Réflexions sur le temps l, partant de Husserl mais pour proposer une« autre solution », pour ainsi dire moins onéreuse en présupposions. En quoi consiste, à larges traits, cette « solution» ? Desanti considère tout d'abord l'arc intentionnel qui est le plus souvent envisagé comme arc de visée partant d'un sujet (S) et allant vers un objet qui lui est transcendant CT), au fil de moments vécu V j, V 2"'Vu' Ce que Desanti remarque immédiatement, c'est, pour reprendre les termes connus de Husserl dans les Méditations cartésiennes, qu'il y a toujours dans l'intentionnalité excès de l'intention dans l'intention elle-même. Cela veut dire que la visée intentionnelle ne coïncide jamais, dans ce qu'elle vise, avec l'objet visécar cela abolirait l'arc intentionnel, ferait que la visée s'objectiverait, saturée, dans le visé, y adhérerait, sans distance ou écart entre le noème et la chose. Cela signifie donc que, phénoménologiquement, il reste, dans toute visée d'objet, une part d'indétermination originaire et non objective (qui ouvre précisément au zigzag des analyses noético-noématiques husseret que, corrélativement, il en va de même pour le sujet qui vise. C'est pourquoi Desanti désigne l'objet par X' et le sujet par X : X' n'est pas absolument présent, c'est une "présence non pleine", et X n'a plus, comme chez Husserl a être d'abord déterminé par le présent (de la sensation ou de l'acte de viser). Comment, dès lors, s'effectue l'arc intentionnel? Ou bien: comment a lieu la visée intentionnelle avec son excès a priori indéterminé? Pour le comprendre, Desanti introduit très subtilement ce qu'il nomme un arc de rappel. Il y a, dans l'indéterminité même de X', donc préalablement à l'arc intentionnel, quelque chose qui "bouge", et qui éveille l'arc intentionnel, le fait pour ainsi dire s'accrocher à quelque chose de vivace, qui vit, palpite, nous disons: clignote, phénoménologiquement, et qui est une structure de surgissement/évanouissement, où jamais le surgissement ne se stabilise en du surgi et l'évanouissement en de l'évanoui. Il s'agit bien, dans nos tern1es, d'un clignotement phénoménologique, puisque c'est l'évanouissement dans le surgissement qui retient celui-ci de basculer dans le surgi, et puisque c'est le surgissement dans l'évanouissement qui retient celui-ci de basculer dans l'évanoui. Et puisque, encore, ce qui retient de la sorte est ce que nous nommons le revirement du surgissement dans l'évanouissement et de l'évanouissement dans le surgissement - le revirement n'étant pas lui-même «temporel », mais hors temps, instantané (dans l'exaiphnès platonicien). Il s'agit donc du clignotement d'un écart originaire dont les deux pôles (surgissement et évanouissement) ne sont pas en X', mais dont le «battement» ou le «pouls» constitue, selon Desanti, le fait d'être de X'. C'est cela même, toujours selon Desanti, qui assigne l'arc intentionnel en son « lieu» même, mais avec l'excès de l'intention dans l'intention même: cet arc est en effet relativement hors de lui-même, « ek-statique », car le X' qui est visé est en fait toujours déjà « trouvé» comme source d'éveil de l'intentionnalité, mais «trouvé» comme «bougé» phénoménologique préalable. C'est-àdire comme surgissant / évanouissant hors de X et de ce que l'intentionnalité va thématiser. Dès lors, dans ce que Desanti nomme le cycle ou le cercle de l'ouverture (arc intentionnel + arc de rappel), X' va être repris, non pas comme « contenu» de la conscience (celle-c
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