Individu Et Communauté Chez Spinoza

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r t LE SENS COMMUN 1 aJexandre matheron 1 individu et communauté chez spinoza * ' .1 * 1 i i I r- "1 i ’ , t : t ^m \ ..— ^ f ilk LES EDITIONS DE MINUIT ■ / -- V t COLLECTION « LE SENS COMMUN » r ✓ 1 ’ ' -> ■ i f i / i « . '1 : ■: i V ■ \ : i . ' ' y i ■ i î première partie de la substance à Findividualité humaine : «conatus» et droit naturel f . • ? . . : J / ! /• l J •/ ■ chapitre 1 de la substance à l'individualité en général « Chaque chose, selon sa puissance d'être (quantum in se est), s’efforce de persévérer dans son être *. » Tel est l’unique point de départ de toute la théorie des pas­ sions, de toute la Politique et de toute la Morale de Spinoza. Mais ce point de départ est lui-mêjne l’aboutissement des deux premiers livres de l'Ethique 1 Pourquoi chaque chose, par nature, produit-elle des effets qui tendent à la conser­ ver? C’est ce qui se déduit de la métaphysique du livre I". 'Pourquoi cette activité productrice se heurte-t-elle à des obstacles qui la font apparaître comme un effort? C’est ce qu’indiquent, implicitement il est vrai, les treize premières proposition du livre HJjPÔurquoi cet effort s’exerce-t-il, selon les individus, avec plus ou moins de puissance? C’est ce dont rendent comptent les axiomes, définitions, et lemmes qui suivent la proposition 13 du livre Ilj Comment cette puissance se manifeste-t-elle au niveau déThomme? C’est ce que montrent les propositions 14-49 du livre II.I Nos quatre premiers chapitres seront consacrés respectivement à chacun de ces quatre points : sans vouloir étudier les livres I et II pour eux-mêmes, nous en dégagerons ce qui peut éclairer la doctrine du conatus. •• Cette doctrine repose évidemment sur deux principes fondamentaux. Le premier reste implicite : il y a des choses, et des choses individuelles; l’individualité, loin d’être une illusion due à notre ignorance du Tout, possède une réalité irréductible. Le second, sous une forme ou sous une autre, est le leit-motiv de l'Ethique 2 : tout est intelli1 Eth. III, prop. 6. 2 C’est lui qui commande, en particulier, toute raxiomatique du livre I•r. 0 SPINOZA gible, de part en part et sans aucun résidu. En combinant ces deux principes, nous pouvons donc affirmer qu’if y a des essences individuelles. Et cette troisième vérité, à son tour, se présente sous deux aspects. D’une part, puisque l’ordre du connaître se modèle sur celui de l’être, chaque individu peut se concevoir indépendamment des autres et faire l’objet d’une définition distincte 3. D’autre part, puis­ que l’ordre de l’être se modèle sur celui du connaître, un individu n’est rien d’autre que la transposition ontologique de sa propre définition : les choses singulières, telles qu’elles sont hors de notre entendement, ne contiennent ni plus ni moins que ce qui est compris dans leur concept4. A partir de là, le conatus se justifie en deux temps. Le premier, purement négatif, ne soulève aucune difficulté particulière. Rien, dit Spinoza, ne s’anéantit jamais soimême. Car, de la définition d’une chose, nous ne pouvons déduire que des conséquences qui s’accordent avec cette définition; tant que nous considérons la chose isolément, nous ne trouvons rien qui soit en contradiction avec son essence5. Et puisque la chose, hors de nous, est exactement conforme à sa propre définition, nous sommes certains, a priori, qu’elle ne rec